Autopoïèse et évolution
Abstract
Le réductionnisme génétique qui prédomine en biologie a fait l’objet d’un nombre de critiques croissant au cours des dernières années. Biologistes et philosophes contestent le statut privilégié accordé au gène et accusent la perspective dominante de négliger le rôle de l’organisme au cours du développement et de l’évolution. Dans un contexte marqué par la multiplication des efforts théoriques visant à renouveler la vision reçue, l’approche autopoïétique fournit des outils conceptuels qui peuvent contribuer à la construction d’un cadre différent. En déplaçant l’attention des gènes vers le système organisme-niche, elle offre une vision de l’évolution des êtres vivants centrée sur l’organisme. Le présent article vise à dégager les fondements conceptuels de cette approche, et à explorer en particulier la thèse selon laquelle ce sont les changements des préférences comportementales, plutôt que les mutations génétiques, qui constituent le principal moteur de l’évolution.