La « chapellerie politique » est l’un des nombreux thèmes que la caricature du XIXe siècle permet d’explorer, l’expression apparaissant dans une lithographie de Charles Vernier publiée par le quotidien satirique Le Charivari le 22 mars 1849. Elle induit de nombreux enjeux que l’on peut condenser dans l’aphorisme suivant : « Dis-moi quel chapeau politique tu portes, je te dirai qui tu es ». Cet article resserre l’enquête autour de trois usages symboliques de couvre-chefs associés au pouvoir. Le cas du chapeau dont le président de l’Assemblée Nationale se couvre pour ramener le calme en cas de tumulte parlementaire est analysé à travers les caricatures d’André-Marie Dupin sous la Deuxième République (Daumier) et de Jules Grévy au début de la Troisième République (Faustin et Cham). Le cas du bicorne est ensuite abordé à rebrousse-poil : Louis-Philippe, Louis-Napoléon Bonaparte, Odilon Barrot et Pierre-Antoine Berryer sont montrés comme autant de têtes à chapeau bonapartiste contrariées dont le couvre-chef ne fait pas Napoléon. Le troisième usage questionne enfin la coiffe de Marianne entre la fin de la Commune et l’Exposition universelle de 1878 alors que le bonnet phrygien était officiellement considéré comme un emblème séditieux.